
Selon la mĂ©thode Billat, la performance ne dĂ©pend pas dâun âchrono magiqueâ, mais de la stabilitĂ© physiologique : ton allure doit permettre Ă ton organisme de recycler ses lactates, de maintenir lâoxygĂ©nation et de prĂ©server les rĂ©serves de glycogĂšne.
ConcrĂštement ?
Ton allure marathon doit se situer autour de 80 Ă 85 % de ta VMA, (Outil pour mesurer ta VMA) une vitesse âdâendurance hauteâ, oĂč tu cours vite mais encore en contrĂŽle.
Tu dois pouvoir respirer de façon fluide, sans hyperventiler, et garder une variabilité naturelle de ton rythme : ralentir légÚrement dans les montées, relancer sans effort dans les descentes.
đ Ce nâest pas la rigiditĂ© de ton allure qui fait ta performance, mais ta capacitĂ© Ă tâajuster sans tâĂ©puiser.
La recherche de Billat montre que le corps sait trĂšs bien sâautorĂ©guler si on lâĂ©coute.
PlutĂŽt que de courir âau chronoâ, il faut apprendre Ă courir âau ressentiâ.
Sur lâĂ©chelle de Borg1 (de 6 Ă 20), ton effort perçu doit rester autour de 14-15 sur les deux premiers tiers du marathon, un effort âsoutenu mais confortableâ.
Si tu es dĂ©jĂ Ă 17 au 25e km, tu es en surconsommation dâĂ©nergie : le mur tâattend.
La perception dâeffort, câest ce qui te permet dâĂȘtre acteur de ta course, pas esclave de ta montre.
Ton cerveau ajuste ton allure pour te permettre de finir, Ă condition de lâĂ©couter.
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1 La mĂ©thode Billat repose beaucoup sur la perception dâeffort, et pour ça, lâoutil le plus utile reste lâĂ©chelle de Borg.
Créée par le physiologiste suĂ©dois Gunnar Borg, elle mesure lâintensitĂ© de ton effort perçu, câest-Ă -dire ce que tu ressens vraiment, indĂ©pendamment du cardio ou de la montre.
Elle va de 6 à 20 (ou parfois de 1 à 10 dans une version simplifiée) :
Sur marathon, lâobjectif est de rester autour de 13-14/20 sur les deux premiers tiers, puis de monter progressivement vers 15-16/20 sur la fin, sans jamais atteindre le rouge.
đ En clair : si tu es dĂ©jĂ Ă 17 au 25e km, tu es en surrĂ©gime.
LâĂ©chelle de Borg, câest ton GPS intĂ©rieur : elle te permet de courir au ressenti juste, pas au stress du chrono.
VĂ©ronique Billat lâa observĂ© chez les meilleurs marathoniens : la plupart rĂ©alisent leur seconde moitiĂ© plus rapide que la premiĂšre.
Pourquoi ? Parce quâils ont couru la premiĂšre partie en Ă©conomie.
Ils nâont pas cherchĂ© Ă âtenir lâallureâ, mais Ă laisser leur corps trouver son rythme optimal.
La clé :
Cette gestion dynamique de lâeffort permet au systĂšme cardio-respiratoire de rester efficace plus longtemps.
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đ Un marathon rĂ©ussi, câest une course qui se termine en accĂ©lĂ©ration, pas en survie.
Contrairement Ă la croyance populaire, une allure parfaitement linĂ©aire nâest pas optimale.
Le corps humain fonctionne mieux avec des micro-fluctuations de vitesse : elles stimulent les échanges métaboliques, retardent la fatigue musculaire et améliorent la récupération en course.
Alterner lĂ©gĂšrement les vitesses (par exemple + ou - 3 secondes au km selon le terrain ou les sensations) permet dâentretenir la fraĂźcheur mentale et de garder une meilleure Ă©conomie de course.
Câest ce que Billat appelle la âvariabilitĂ© physiologiqueâ : la capacitĂ© Ă sâadapter sans rompre lâĂ©quilibre.
La gestion de course, câest aussi une gestion de lâĂ©nergie.
Chaque accélération inutile consomme davantage de glycogÚne.
Billat insiste sur lâimportance de prĂ©server les rĂ©serves jusquâau 30e km en restant dans une zone de consommation stable.
Hydrate-toi rĂ©guliĂšrement, Ă chaque ravitaillmeent, commence Ă tâalimenter dĂšs le 45e minute, et favorise les apports continus plutĂŽt que les âcoups de boostâ tardifs.
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đ LâĂ©nergie se construit dans la rĂ©gularitĂ©, pas dans la prĂ©cipitation.
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Objectif : tester les apports glucidiques (Gel Ă©nergĂ©tique - 30â60â90 g/h) et le sodium Ă lâentraĂźnement.
Ton systĂšme digestif doit sâentraĂźner autant que tes muscles.
Sur les sorties longues, on ne teste jamais un gel pour la premiĂšre fois le jour J đ
Sur 1 à 2 séances longues :
âą Choisir une quantitĂ© cible (ex. 40â50 g glucides/h)
âą Fractionner : 1 petite prise toutes les 15â20â
âą Tester eau seule / boisson isotonique / gel + eau
⹠Noter : confort digestif, énergie ressentie, soif, envies salées
On veut que le ravitaillement soutienne la sensation, sans crĂ©er de lourdeur ni de hauts/bas extrĂȘmes.
đ§ Mission :
đ Ăcrire sur papier ou dans ton tĂ©lĂ©phone ton plan de ravitaillement provisoire pour le marathon
Le marathon nâest pas une Ă©preuve de puissance, mais une Ă©preuve dâintelligence.
Apprendre Ă te connaĂźtre, Ă te rĂ©guler et Ă tâadapter, câest courir âĂ la Billatâ, avec conscience et efficacitĂ©.
Ta montre te donne des données, mais ton corps te donne la vérité.
Alors écoute-le, fais-lui confiance, et laisse ton instinct gérer le tempo.
Parce quâau fond, le marathon idĂ©al, câest celui oĂč tu termines plus lucide que fatiguĂ©.